Les boursiers Raphaël Birindwa et Gloire Byabene enrichissent leurs recherches à Montréal

Raphaël Birindwa, avocat engagé dans la défense des droits humains au Nord-Kivu, et Gloire Byabene, chirurgien à l’Hôpital de Panzi, ont tous deux obtenu une bourse de la reine Elizabeth II. Ils sont venus de la République démocratique du Congo pour réaliser des séjours de recherche auprès de membres du corps professoral de l’Université de Montréal.
Alors que Raphaël a pu approfondir ses travaux sur la réparation des victimes de violences sexuelles, Gloire a exploré la perception de la guérison des patientes aux côtés de spécialistes universitaires. Retour sur leurs parcours, qui ont culminé avec des présentations lors du 5e congrès de la Chaire internationale Mukwege, en décembre dernier.
Pouvez-vous décrire vos séjours de recherche?
Raphaël Birindwa : Mon séjour a porté sur l’étude de l’évolution des notions de genre et de sexe dans les juridictions pénales internationales, notamment les politiques du Bureau du procureur de la Cour pénale internationale. Je me suis également penché sur les mécanismes de réparation pour les victimes de violences sexuelles, en explorant le rôle du Fonds au profit des victimes. Réalisés en collaboration avec professeure Miriam Cohen de la Faculté de droit, ces travaux m’ont sensibilisé à l’importance des preuves objectives dans les réparations. De plus, avec Avocats sans frontières Canada (ASFC), j’ai exploré des sujets comme l’objection de conscience dans les soins de santé et les abus sexuels tolérés dans certaines fédérations sportives nationales.
Gloire Byabene : Mon séjour s’est articulé autour de la recherche et de la pratique clinique. J’ai collaboré avec des équipes de l’Université de Montréal et de l’Université McGill sur un projet centré sur la perception de la guérison des patientes atteintes de fistules recto-vaginales. En parallèle, j’ai travaillé à l’Hôpital général juif et au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), où j’ai participé à la prise en charge des patientes, tout en explorant l’intégration des dimensions psychologiques et sociales dans les soins offerts. Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre les approches globales et interdisciplinaires en santé, approches qui pourraient stimuler des améliorations dans le contexte médical de la République démocratique du Congo.
Quels défis avez-vous rencontrés durant cette expérience ?
Raphaël : Gérer plusieurs engagements simultanément a été un défi. Entre mes recherches universitaires, mes mandats avec ASFC et mes responsabilités liées à mon doctorat, il m’a fallu perfectionner ma gestion du temps et mon organisation. Ces défis ont été formateurs et m’ont permis de mieux structurer mon approche. Par ailleurs, travailler sur des abus dans le sport m’a confronté aux limites des systèmes judiciaires nationaux, ce qui m’a encouragé à considérer le rôle des recours internationaux, comme ceux offerts par les organisations sportives.
Gloire : Passer d’un environnement hospitalier à un cadre universitaire plus théorique a représenté un défi important. Je devais adapter mes méthodes de travail pour inclure davantage d’analyse et d’introspection. Sur le plan clinique, travailler au CHUM et à l’Hôpital général juif m’a permis d’approfondir mes connaissances sur les approches globales, tout en renforçant ma capacité à collaborer avec des équipes multidisciplinaires. Ce fut une expérience exigeante, mais enrichissante, qui m’a aidé à consolider ma pratique.
Qu'est-ce qui vous a marqués ?
Raphaël : J’ai été impressionné par la solidarité communautaire au Canada, notamment via les initiatives comme la redistribution des invendus alimentaires. Cette pratique m’a fait réfléchir aux enjeux de durabilité et à leur application potentielle en République démocratique du Congo. J’ai également apprécié la richesse des discussions en recherche ici, puisque l’interdisciplinarité et l’ouverture d’esprit sont au cœur des échanges.
Gloire : La multiculturalité au Canada m’a particulièrement marqué. Travailler dans des établissements comme le CHUM ou l’Hôpital général juif, où se côtoient des professionnel(le)s de toutes origines, m’a permis de mieux comprendre la richesse de la collaboration interculturelle. Cela m’a également montré l’importance d’intégrer systématiquement les dimensions psychologiques et sociales dans les soins, une leçon clé que je compte appliquer dans mon travail.
Quelles sont les retombées sur vos parcours professionnels actuels et futurs?
Raphaël : Cette expérience m’a permis d’approfondir ma compréhension des réparations pour les victimes de violences sexuelles, en insistant sur l’importance des preuves objectives. Ces connaissances me seront utiles pour améliorer mes plaidoyers judiciaires et former d’autres professionnels en République démocratique du Congo. À long terme, je souhaite promouvoir des mécanismes de recours plus inclusifs et efficaces.
Gloire : Ce séjour a renforcé ma volonté d’intégrer une approche holistique dans la prise en charge des patientes atteintes de fistules. Je souhaite développer davantage cette vision à l’Hôpital de Panzi avec la collaboration avec mes collègues pour améliorer le bien-être des patientes, non seulement sur le plan médical, mais également psychologique et social.
À propos du programme des Bourses canadiennes du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II
Participation de Raphael Birindwa et de Gloire Byabene au 5e congrès de la Chaire internationale Mukwege.