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Des nouvelles du G3 : Ahmed Hamila réalise sa cotutelle avec l’ULB et remporte le Prix de la meilleure thèse

Doctorant au Département de science politique et collaborateur du CÉRIUM, Ahmed Hamila a réalisé son projet de thèse en cotutelle avec l’Université libre de Bruxelles (ULB), partenaire de l’UdeM et du G3 de la Francophonie, sous la direction des professeurs Frédéric Mérand, Jane Jenson (UdeM) et David Paternotte (ULB). Il a récemment obtenu le Prix de la meilleure thèse, une distinction qui souligne les travaux d’excellence produits au cours de la dernière année à l’Université de Montréal.

« Partout où il est passé, Ahmed a laissé le souvenir d’un jeune chercheur affable et dynamique, un bâtisseur de ponts, qui a su se constituer de solides réseaux autant au Canada qu’au Royaume-Uni et en Europe continentale », explique Frédéric Mérand, professeur au Département de science politique et directeur scientifique du CÉRIUM.

Peux-tu nous parler de ton projet de recherche?

AH : Ma thèse, qui s'intitule Sortir du placard, entrer en Europe : la fabrique des « réfugiés LGBTI » en Belgique, en France et au Royaume-Uni, a pour objectif de comprendre comment est-ce que les persécutions du fait de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, qui n’apparaissent pas dans les Conventions de Genève, ont été reconnues en tant que motif d’octroi du statut de réfugié et ont mené à l’avènement d’une nouvelle catégorie de réfugiés qui n’existait pas encore il y a 20 ans. Je me suis également rendu compte rapidement que même s’il existe un régime d’asile européen commun dont le but est d’harmoniser les pratiques au sein de l’Union européenne, des différences persistent dans la manière dont on traite spécifiquement ce type de demande d’asile.

Dans le cadre de ma thèse, je me suis concentré sur trois cas spécifiques, soit ceux de la Belgique, de la France et du Royaume-Uni. J’ai cherché à comprendre quel était, pour chacun d’entre eux, le processus ayant mené à l’avènement de cette nouvelle catégorie de réfugiés. Après avoir réalisé une enquête de terrain et mené plus de 90 entretiens, j’ai pu conclure que les différences dans la manière dont cette catégorie de réfugiés est appréhendée dans les trois pays s’expliquent par le fait que d’un pays à l’autre, les acteurs investis dans le domaine de l’asile sont contraints par des logiques positionnelles et interprétatives différentes. Il s’agit d’éléments relatifs aux institutions dans lesquelles ces acteurs travaillent, mais également à leurs cadres d’interprétation qui varient d’un État membre à l’autre. 

Pourquoi avoir réalisé ton projet en cotutelle?

AH : Étant Européen d’origine, je suis arrivé au Canada à la fin de mon baccalauréat afin de compléter ma maîtrise et mon doctorat à l’UdeM. Puisque ma thèse allait se réaliser dans une démarche qualitative nécessitant que soient menés des entretiens et des enquêtes de terrain, il me fallait passer beaucoup temps en Europe pour la récolte de données. Il m’apparaissait donc idéal d’y avoir une attache. La cotutelle me permettait d’avoir un pied en Europe et un pied au Canada, et de créer des possibilités dans ces deux lieux afin de m’ouvrir des portes. 

Pourquoi as-tu choisi l’Université libre de Bruxelles pour cette cotutelle?

AH : Les professeurs au Département de science politique, Frédéric Mérand et Jane Jenson, sont mes deux directeurs de thèse à l’UdeM. Jane Jenson a été l’examinatrice externe de David Paternotte, professeur en sociologie à l’ULB, qu’elle m’a fortement recommandé de rencontrer lors d'un de ses passages à Montréal. Je pensais que ça n’allait être qu’une simple discussion et, en fait, ça s’est très bien passé : il m’a donné une foule de conseils pour mon projet et ma carrière, en plus de partager une multitude d’intérêts de recherche avec les miens. J’ai donc souhaité qu’il soit co-directeur de ma thèse et j’ai ainsi commencé ma cotutelle avec l’ULB. Mes trois directeurs se connaissant déjà de près ou de loin, ils avaient tous travaillé sur des enjeux liés à l’Union européenne. Ces thèmes communs et l’existence de cette collaboration m’ont beaucoup aidé dans la réalisation de ma thèse. D’ailleurs, une initiative comme le G3 qui crée des réseaux de collaborations peut être très bénéfique pour des doctorants et doctorantes souhaitant se lancer en cotutelle.

Le fait de mener mon projet en cotutelle m’a également permis de bénéficier d’expertises en sociologie politique, sur les enjeux de citoyenneté et sur l’Union européenne du côté de l’UdeM grâce à mes deux directeurs québécois, et d’expertises en sexualités et en migrations du côté de l’ULB via mon directeur belge ainsi que le sociologue Andrea Rea, qui faisait partie de mon comité de thèse. En étant rattaché à l’Institut de sociologie de l’ULB, j’ai pu élargir mes perspectives et affiner ma réflexion. Ma thèse est donc totalement interdisciplinaire : j’y fais discuter des éléments de diverses disciplines et apporte ainsi ma propre contribution théorique et contextuelle. 

Qu’est-ce qui se dessine pour toi?

AH : J’identifie présentement des maisons d’édition pour publier ma thèse, processus pour lequel je suis accompagné par mes directeurs. Par ailleurs, je continue mes recherches sur les enjeux relatifs aux réfugiés LGBTI dans le cadre d’un postdoctorat à l’Université de Cambridge. M’étant davantage concentré sur les acteurs administratifs et judiciaires au cours de mon doctorat, je souhaite explorer le milieu des acteurs associatifs qui accompagnent les demandeurs d’asile invoquant des persécutions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. Au Royaume-Uni, il s’est créé tout un espace de mobilisation autour des enjeux d’asile liés à ces persécutions. J’essaie donc d’expliquer comment cet espace de mobilisation a émergé et de comprendre son rôle pour ces demandeurs.